Dans le monde de la finance, il existe de nombreuses façons de déterminer si une action est sous-évaluée, correctement valorisée ou surévaluée. Parmi elles, il y a une méthode aussi élégante que directe, utilisée par des analystes depuis des décennies : le Dividend Discount Model, ou modèle d’actualisation des dividendes.
Si tu investis dans des entreprises matures qui versent régulièrement des dividendes — comme des banques, des sociétés d'assurance, ou des services publics — alors le DDM peut devenir un outil fondamental dans ta boîte à outils d’investisseur.
Le DDM repose sur un postulat de base :
💡 La valeur d’une action correspond à la somme de tous les dividendes futurs qu’elle versera à ses actionnaires, actualisés à leur valeur présente.
Autrement dit, on évalue une entreprise uniquement à partir du cash qu’elle redistribue à ses actionnaires.
Pourquoi c’est logique ? Parce que le dividende est le retour réel qu’un investisseur touche. Peu importe les profits d’une société s’ils ne sont jamais distribués. Un dividende tangible, lui, finit directement dans ta poche.
Le DDM n’est pas un modèle universel, mais il brille dans certains cas bien précis :
✅ Entreprises matures
✅ Versement de dividendes stables ou croissants
✅ Historique de dividendes fiable
✅ Marchés développés, secteurs prévisibles (utilities, banques, assurances...)
❌ Startups (pas de dividendes)
❌ Sociétés en hypercroissance
❌ Entreprises en perte ou en difficulté
❌ Marchés émergents avec politiques incertaines
Voici la formule du DDM avec croissance constante, la plus utilisée :
Valeur de l'action = D1 / (r - g)
Avec :
D1
= Dividende attendu l’an prochainr
= Taux de rentabilité exigé par l’investisseur (aussi appelé coût des fonds propres)g
= Taux de croissance des dividendes estimé à long terme
Si une entreprise prévoit de verser un dividende de 3 € l’année prochaine (D1 = 3 €
), que les dividendes croissent de 5 % par an (g = 0,05
), et que le taux de rentabilité attendu est de 10 % (r = 0,10
), alors :
Valeur = 3 / (0,10 - 0,05) = 3 / 0,05 = 60 €
💡 Cela signifie qu’un investisseur rationnel serait prêt à payer jusqu’à 60 € pour cette action si les hypothèses sont crédibles.
Rendez-vous sur le rapport annuel, Yahoo Finance, ZoneBourse ou MarketScreener. Prends le dernier dividende brut distribué.
Exemple : D0 = 2,50 € par action.
Il s’agit ici d’un jugement d’expert. Quelques techniques :
D1 = D0 × (1 + g)
Par exemple, si D0 = 2,50 € et g = 4 %, alors :
D1 = 2,50 × 1,04 = 2,60 €
C’est le rendement minimum exigé par les investisseurs. On utilise souvent le CAPM (Capital Asset Pricing Model)
r = taux sans risque + β × prime de risque du marché
Supposons :
r = 2,5 % + 1,1 × 5 % = 2,5 % + 5,5 % = 8 %
Valeur de l'action = D1 / (r - g)
Continuons notre exemple :
Valeur = 2,60 / (0,08 - 0,04) = 2,60 / 0,04 = 65 €
🎯 Si le titre cote aujourd’hui à 52 €, cela pourrait indiquer qu’il est sous-évalué. Attention : cette conclusion dépend totalement de la validité de nos hypothèses.
Prenons Vinci SA (cotée au CAC 40), réputée pour ses dividendes réguliers.
D1 = 4,50 × (1 + 0,035) = 4,6575 €
Valeur = 4,6575 / (0,075 - 0,035) = 4,6575 / 0,04 = 116,44 €
🔍 Si le cours de Vinci est à 105 € aujourd’hui, cela suggère un potentiel de hausse de plus de 10 % — mais uniquement si les dividendes continuent de croître comme prévu.
Même si le modèle est élégant, attention à ses limites :
Ce qu’il faut retenir
DDM : Modèle basé uniquement sur les dividendes
Hypothèse clé : Croissance constante ou prévisible des dividendes
Formule: D1 / (r - g)
Forces: Simplicité, logique, utile pour les sociétés matures
Faiblesses: Trop dépendant de g et r, inapplicable aux sociétés en croissance
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