📊 DDM vs DCF : que choisir selon le contexte ?
Quand on veut estimer la valeur d’une entreprise, deux modèles ressortent systématiquement : le Discounted Cash Flow (DCF) et le Dividend Discount Model (DDM).
Les deux reposent sur un principe commun :
📌 La valeur d’un actif est égale à la somme actualisée des flux futurs qu’il génère.
Mais dans la pratique, ces deux méthodes n’utilisent ni les mêmes flux, ni les mêmes hypothèses, et ni les mêmes cas d’usage.
👉 Dans cet article, tu vas apprendre :
- Ce que sont réellement le DCF et le DDM
- Leurs différences fondamentales
- Les contextes dans lesquels chaque modèle est le plus pertinent
- Leurs forces, leurs faiblesses, et les erreurs à éviter
- Et un exemple comparatif pour t’aider à bien choisir
🧠 Petit rappel : DCF et DDM, c’est quoi ?
💰 Le DDM (Dividend Discount Model)
Le DDM valorise une action en actualisant les dividendes futurs qu’elle versera à ses actionnaires.
L’idée :
➡️ La seule chose qui compte, c’est le cash que l’actionnaire perçoit vraiment.
Formule de base (croissance constante) :
Valeur = D1 / (r – g)
- D1 : dividende attendu l’année prochaine
- r : coût des capitaux propres
- g : taux de croissance des dividendes
💼 Le DCF (Discounted Cash Flow)
Le DCF valorise une entreprise en actualisant ses flux de trésorerie disponibles (Free Cash Flows).
L’idée :
➡️ Ce qui compte, c’est la capacité de l’entreprise à générer du cash, qu’elle distribue ou non.
Formule simplifiée :
Valeur = Somme des FCF actualisés + Valeur terminale
Ce modèle est plus complet, car il tient compte :
- De l’investissement
- Du BFR
- De la structure du capital
⚖️ Quelles sont les différences entre DDM et DCF ?
1. 🌱 Type de flux analysé
- DDM : dividendes (cash effectivement distribués aux actionnaires)
- DCF : cash flow généré par l’entreprise (disponible pour les actionnaires ET les créanciers)
💡 Le DCF est plus large : une entreprise peut générer beaucoup de cash mais ne rien distribuer → le DDM sous-estimera sa valeur.
2. 📂 Portée du modèle
- DDM : centré sur l’actionnaire
- DCF : centré sur l’entreprise dans sa globalité
Le DCF est plus adapté à une valorisation d’entreprise entière, utile pour les fusions-acquisitions, les levées de fonds, ou les restructurations.
3. 🧾 Données nécessaires
- DDM : besoin des dividendes passés, du taux de croissance estimé, et du coût des fonds propres.
- DCF : nécessite un business plan, des prévisions financières complètes, et des hypothèses de WACC.
💡 Le DDM est plus simple à mettre en place, mais moins précis.
4. 🧪 Hypothèses critiques
- DDM : repose entièrement sur la prévisibilité des dividendes → si la politique change, tout le modèle s’effondre.
- DCF : repose sur la projection des flux et la valeur terminale → très sensible aux hypothèses de croissance, de marge et de coût du capital.
📊 Exemple comparatif : Vinci SA
🔹 En utilisant un DDM :
- D0 = 4,50 €
- g = 4 %
- r = 8 %
→ D1 = 4,68 €
→ Valeur = 4,68 / (0,08 – 0,04) = 117 €
🔹 En utilisant un DCF :
- Flux de trésorerie projetés sur 5 ans : croissance modérée
- Valeur terminale basée sur un multiple ou croissance perpétuelle
- Résultat : valeur d’entreprise = 60 Mds €
- En ajustant pour la dette : valeur de l’action = 115–120 €
📌 Conclusion : dans ce cas, les deux approches convergent. Mais si Vinci arrêtait les dividendes ou les réduisait, le DDM deviendrait inutilisable.
🎯 Dans quels cas utiliser le DDM ?
✅ Idéal si :
- L’entreprise a une politique de dividende stable et prévisible
- Le dividende reflète bien la rentabilité (ex : banques, assurances, utilities)
- Tu veux estimer la valeur du point de vue d’un actionnaire de long terme
❌ À éviter si :
- L’entreprise ne verse pas de dividendes
- Les dividendes sont très volatils ou artificiels
- Tu veux valoriser une entreprise en croissance ou une startup
🧠 Dans quels cas utiliser le DCF ?
✅ Idéal si :
- L’entreprise génère des free cash flows réguliers
- Tu as accès à un business plan ou des hypothèses fiables
- Tu veux faire une valorisation complète et argumentée
❌ À éviter si :
- Les flux sont très volatils et imprévisibles
- Tu n’as pas assez de données fiables
- Tu veux juste une estimation rapide pour filtrer
❌ Erreurs fréquentes à éviter
❌ Utiliser un DDM sur une entreprise qui ne verse pas de dividende
C’est le piège classique. Le modèle ne fonctionne que si les flux sont réels, constants et distribués.
❌ Appliquer un DCF avec des hypothèses irréalistes
Le DCF est extrêmement sensible :
- Un taux d’actualisation mal calibré
- Une valeur terminale surévaluée
- Des flux surestimés…
💡 Et tu peux faire dire ce que tu veux à un DCF : il faut rester rigoureux.
❌ Ne pas ajuster le modèle à l’objectif
Si tu es dans une optique actionnaire, le DDM est cohérent.
Si tu fais une analyse stratégique ou une M&A, le DCF est plus pertinent.
✅ À retenir
- Le DDM valorise ce que l’actionnaire reçoit → simple, mais limité
- Le DCF valorise ce que l’entreprise génère → plus complet, mais plus complexe
- Le DDM convient pour les entreprises matures à dividende régulier
- Le DCF s’adapte à quasiment tous les contextes, à condition d’avoir les bons inputs
- Les deux modèles reposent sur des hypothèses fortes : croissance, coût du capital, visibilité des flux