🧮 Pourquoi l’EBITDA n’est pas toujours fiable (et comment éviter les pièges)

Tu l’as sûrement déjà entendu :
« Cette boîte fait 20 millions d’EBITDA, elle cartonne. »
Ou encore :
« On valorise l’entreprise à 10 fois son EBITDA. »

👉 L’EBITDA, c’est l’un des indicateurs les plus populaires dans le monde de la finance. Il est rapide à calculer, facile à comparer, et souvent utilisé comme base de valorisation. Mais attention : cet indicateur peut être trompeur.

Dans cet article, on va voir :

• Ce qu’est réellement l’EBITDA
• Pourquoi il est aussi populaire
• Les 6 grandes limites de l’EBITDA
• Comment le compléter ou le corriger
• Et les erreurs fréquentes à éviter

📌 C’est quoi l’EBITDA, déjà ?

L’EBITDA signifie Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization, ou en français : résultat avant intérêts, impôts, dotations aux amortissements et provisions.

Concrètement, c’est une mesure du résultat d’exploitation “brut” d’une entreprise, c’est-à-dire :

• Avant les éléments non opérationnels (intérêts, impôts)
• Avant les charges comptables “non cash” (amortissements et provisions)

C’est un indicateur qui met en lumière la performance pure de l’activité, sans tenir compte du mode de financement, de la fiscalité locale, ou de la politique d’investissement passée.

✅ Pourquoi l’EBITDA est-il si utilisé ?

Il est apprécié car :

• Il supprime les distorsions comptables liées aux amortissements
• Il permet de comparer des entreprises de pays et de tailles différentes
• Il est souvent utilisé dans les multiples de valorisation (ex : EV/EBITDA)
• Il est proche de la capacité d’autofinancement brute (mais ce n’est pas la même chose !)

C’est un bon point de départ pour évaluer la rentabilité opérationnelle, notamment dans un cadre de LBO, de fusion, ou de levée de fonds.

Mais attention…

⚠️ Pourquoi l’EBITDA n’est pas toujours fiable : les 6 grandes limites

1. ❌ L’EBITDA ignore les investissements nécessaires

Une entreprise peut afficher un EBITDA énorme… mais si elle doit investir chaque année des millions pour maintenir ses usines, son cash disponible est beaucoup plus faible.

👉 Exemple : une société industrielle avec 20 M€ d’EBITDA mais 18 M€ d’investissements récurrents aura très peu de cash réellement utilisable.

🧠 Le bon réflexe : toujours regarder les CAPEX (dépenses d’investissement), et préférer le free cash flow pour estimer ce qu’il reste vraiment.

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2. ❌ L’EBITDA ignore les amortissements… mais pas la réalité économique

Les amortissements sont une charge comptable, mais ils traduisent une réalité : les actifs perdent de la valeur et doivent être remplacés.

👉 Supprimer les amortissements pour calculer l’EBITDA donne une image plus flatteuse mais parfois trompeuse.

🎯 Exemple : une entreprise dans le transport ou l’hôtellerie a beaucoup d’actifs amortissables. Son EBITDA peut sembler élevé… mais c’est parce qu’on masque le coût de renouvellement du matériel.

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3. ❌ L’EBITDA n’intègre pas la dette

Puisqu’il exclut les intérêts, l’EBITDA ne donne aucune information sur le niveau d’endettement. Deux entreprises peuvent avoir le même EBITDA… mais l’une est surendettée, l’autre non.

💥 Conséquence : en cas de crise, celle qui est trop endettée peut faire faillite malgré un bon EBITDA.

📌 L’EBITDA peut donc masquer un risque de solvabilité important.

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4. ❌ L’EBITDA peut être manipulé facilement

Comme il ne suit pas de norme comptable stricte, certaines entreprises ajustent leur EBITDA de manière très agressive :

• En excluant des charges jugées “non récurrentes” (souvent discutables)
• En intégrant des “autres produits” hors exploitation
• En maquillant les charges exceptionnelles

👉 Cela donne naissance à l’“EBITDA ajusté”, “EBITDA retraité”, “EBITDA pro forma”… qui peuvent devenir des outils de storytelling financier.

⚠️ Toujours lire les petites lignes dans les rapports financiers. Et ne jamais prendre un EBITDA retraité pour argent comptant.

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5. ❌ L’EBITDA ne dit rien du cash réellement encaissé

L’EBITDA reste un indicateur comptable. Il ne prend pas en compte le besoin en fonds de roulement (BFR), ni la variation de trésorerie réelle.

👉 Une entreprise peut avoir un EBITDA très positif… et brûler du cash à cause de créances clients en retard, de stocks mal gérés, ou de paiements fournisseurs trop rapides.

💡 Ce n’est pas parce qu’on est rentable sur Excel qu’on encaisse du cash en vrai.

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6. ❌ L’EBITDA n’est pas pertinent pour tous les secteurs

L’EBITDA est intéressant pour les secteurs où l’exploitation est centrale et relativement stable (industrie, services B2B, retail structuré…).

Mais il est moins pertinent pour :

• Les startups (EBITDA souvent négatif ou non significatif)
• Les banques et assurances (modèle fondé sur le risque, pas sur l’exploitation)
• Les entreprises très intensives en actifs (où l’amortissement reflète de vrais coûts économiques)

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🧠 Bonnes pratiques : que faire à la place (ou en plus) ?

🔍 Regarder aussi le Free Cash Flow (FCF)

C’est lui qui reflète le cash réellement généré une fois les investissements et le BFR pris en compte. C’est un indicateur bien plus robuste que l’EBITDA seul.

🧾 Comparer avec l’EBIT

L’EBIT (résultat opérationnel) inclut les amortissements et est plus prudent. Il reflète mieux les charges “structurelles” de l’entreprise.

📊 Suivre la tendance, pas juste le chiffre

Un EBITDA en croissance constante, avec des marges stables et un bon cash flow = ok.
Mais un EBITDA qui baisse, ou qui explose alors que les autres indicateurs stagnent = à creuser.

💬 Toujours poser des questions :

• L’EBITDA est-il retraité ? Si oui, de quoi ?
• Les charges exclues sont-elles réellement exceptionnelles ?
• Est-ce que l’évolution de l’EBITDA est cohérente avec celle des ventes, de l’EBIT et du cash ?
• Quelle est la structure d’investissement de l’entreprise ?
• L’EBITDA est-il en train de masquer un endettement ou un BFR explosif ?

✅ À retenir

• L’EBITDA est un outil utile mais incomplet
• Il ne reflète ni la dette, ni les investissements, ni le cash disponible
• Il peut être manipulé à travers des retraitements flatteurs
• Il doit toujours être croisé avec l’EBIT, le Free Cash Flow, le BFR, et la structure de financement
• Ne jamais valoriser une entreprise uniquement à partir de son EBITDA

📌 En résumé : l’EBITDA est une belle vitrine… mais parfois trop propre pour être vraie.
Ne t’arrête pas à la façade : explore l’arrière-boutique.

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