Quand on veut valoriser une entreprise rapidement, sans construire un DCF complet ou modĂ©liser des flux de trĂ©sorerie, on a tendance Ă sortir la mĂ©thode la plus populaire de la boĂźte Ă outilsâŻ: les multiples de valorisation.
EV/EBITDA, P/E, EV/EBIT, P/SalesâŠ
Ces ratios sont utilisĂ©s partout, dans les banques, en conseil, chez les investisseurs, dans les pitch decksâŠ
Mais aussi puissants soient-ils, les multiples ont leurs limites. Et mal les comprendre ou les appliquer sans recul, câest valoriser dans le vide.
Dans cet article, on va voir :
Un multiple compare la valeur dâune entreprise Ă un indicateur financier (EBITDA, EBIT, chiffre dâaffaires, rĂ©sultat netâŠ). Il permet de dire :
âĄïž âCette entreprise vaut X fois son EBITDAâ
âĄïž âCette action se paie 12 fois ses bĂ©nĂ©ficesâ
Les plus courants sont :
Ils permettent :
Mais malgré cette utilité⊠attention.
Les multiples reposent sur un instantané : le dernier EBITDA, le dernier bénéfice net, etc.
Mais une entreprise, ce nâest pas une photo, câest un film en mouvement.
đ Une sociĂ©tĂ© avec un PER de 15 peut sembler chĂšre⊠sauf si ses bĂ©nĂ©fices vont doubler lâannĂ©e prochaine.
đ Une entreprise avec un EV/EBITDA de 5 peut sembler bon marché⊠sauf si ses rĂ©sultats chutent.
đĄ Toujours mettre les multiples en perspective dynamique, en regardant la croissance prĂ©vue ou la tendance passĂ©e.
Deux entreprises peuvent afficher le mĂȘme EBITDA, mais :
đ MĂȘme multiple, mais valeur Ă©conomique radicalement diffĂ©rente.
Les multiples ne font aucune distinction entre un bénéfice récurrent, propre, et un bénéfice ponctuel, fragile ou biaisé.
Le P/E, par exemple, est influencé par :
đĄ Deux sociĂ©tĂ©s peuvent avoir le mĂȘme EBIT, mais des P/E radicalement diffĂ©rents si lâune est trĂšs endettĂ©e, lâautre non.
đ Câest pour ça quâon prĂ©fĂšre souvent des multiples basĂ©s sur la valeur dâentreprise (EV), comme EV/EBIT ou EV/EBITDA.
Les normes IFRS ou US GAAP peuvent impacter :
đ Ce qui fausse lâEBIT ou lâEBITDA⊠et donc les multiples.
MĂȘme avec les meilleurs calculs, si les donnĂ©es sont biaisĂ©es, les multiples le seront aussi.
Une entreprise peut avoir un excellent EBITDA, mais :
đ Le multiple semble bon, mais la valeur rĂ©elle est bien plus faible.
đ§ En rĂ©sumĂ© : un multiple, câest un chiffre relatif, pas une mesure de cash rĂ©el.
Tu veux comparer Tesla Ă Renault ? LVMH Ă un petit maroquinier cotĂ© Ă Milan ? Ăa ne marche pas.
âĄïž Les multiples ne sont utiles que si les sociĂ©tĂ©s comparĂ©es ont des profils proches :
đĄ Sinon, câest comme comparer le prix au kilo dâun paquet de riz avec celui du caviar.
Un multiple jugĂ© âraisonnableâ aujourdâhui peut devenir absurde demain en cas de :
đ Entre 2020 et 2023, les multiples tech sont passĂ©s de 40x Ă 15x dans certains cas.
đ MĂȘme chose pour les Ă©nergies renouvelables ou le luxe.
đ Un bon analyste ne prend jamais un multiple de marchĂ© pour une vĂ©ritĂ© absolue. Il regarde ce qui le justifie.
Ne t'arrĂȘte pas Ă un seul :
đ Plus tu croises les perspectives, plus ton analyse est solide.
Ne dis jamais âlâentreprise vaut 10x son EBITDAâ comme si câĂ©tait gravĂ© dans le marbre.
âĄïž Utilise une fourchette rĂ©aliste : âentre 8x et 11xâ, selon la croissance prĂ©vue, le profil de risque, la structure du secteur.
Une entreprise :
âĄïž MĂ©rite un multiple plus Ă©levĂ©.
Une entreprise cyclique, instable, ou peu rentable ?
âĄïž Devrait avoir un multiple plus bas.
đĄ Les multiples sont des outils de traduction financiĂšre, pas des rĂšgles magiques.
đ En rĂ©sumĂ© : les multiples sont des jumelles, pas des rayons X.
Ils te donnent une vue dâensemble⊠mais jamais une vision en profondeur.
â
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